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Saisonniers Mobilisation contre le « coup de poignard » du gouvernement

Opération d’arrachage dans les vergers de Mudaison, dans l’Hérault. Photo : ANPP

Des manifestations se sont déroulées un peu partout en France le 24 septembre 2018, pour protester contre la suppression de l’exonération des charges pour les travailleurs saisonniers annoncée par le gouvernement.

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La colère des agriculteurs contre la suppression de l’exonération des charges pour les travailleurs occasionnels et demandeurs d’emploi (TO-DE) ne faiblit pas. Les actions se multiplient en France pour dénoncer une décision « qui condamne à la faillite des producteurs français ». Près de 200 agriculteurs (140, selon la police), accompagnés d’une trentaine de tracteurs, ont ainsi manifesté lundi 24 septembre devant la préfecture de la Drôme, à Valence.

« On attend que l’État se mette en marche »

Venus de la Drôme, de l’Isère et de l’Ardèche, à l’appel de la FRSEA et de JA Auvergne-Rhône-Alpes, les manifestants ont pris position de 7h00 à 9h00 devant les grilles de la préfecture où ils avaient accroché une banderole « Mort à l’emploi agricole ».

« On demande le maintien du TO-DE (travailleur occasionnel/demandeur d’emploi), afin de trouver des solutions équivalentes sur le long terme. Aujourd’hui, nous n’avons connaissance d’aucune mesure concrète. On attend que l’État se mette en marche », a déclaré à l’AFP Sébastien Richaud, président des Jeunes Agriculteurs de la Drôme. Même déploiement de force à Avignon, ou les agriculteurs sont venus armés de branchages et de purin…

Facture à 20 M€

La production de fruits et légumes, avec des coûts constitués à 50 ou 60 % par des frais de personnel, est particulièrement menacée. Le 21 septembre, deux arboriculteurs ont arraché symboliquement une de leurs parcelles dans l’Hérault et le Gard, pour alerter les autorités. « N’aggravons pas le différentiel de coût avec nos voisins européens ! La suppression du TO-DE augmenterait le coût du travail de 15 %. Beaucoup d’exploitations ne pourraient plus couvrir leurs frais. C’est leur survie à court terme qui est en jeu », affirme Robert-Pierre Cecchetti, qui a arraché une parcelle de ses pommiers.

Dans les Pyrénées-Orientales, une centaine d’agriculteurs ont installé un barrage filtrant sur l’autoroute A9, près de Perpignan, avec la distribution de tracts et de produits locaux aux automobilistes. Ils ont ensuite contrôlé des camions de fruits venant de l’Espagne, renversé des remorques et mis le feu à des pneus, sur le rond-point d’accès à la plateforme logistique de Saint-Charles de Perpignan, un des principaux sites d’importation de fruits et légumes en France et en Europe, indique l’AFP.

Mobilisation aussi auprès de la préfète des Pays de la Loire : pour les viticulteurs, arboriculteurs, horticulteurs pépiniéristes et semenciers de la région, la suppression du dispositif TO-DE est « un véritable coup de poignard » qui induira « une charge supplémentaire pour les agriculteurs d’environ 20 millions d’euros et pour certaines entreprises la perte peut atteindre plus de 100 000 € ! », indique un communiqué commun de la FRSEA et de JA. Selon leur calcul, « l’augmentation de charges décidée par le gouvernement est de 189 € par mois pour un saisonnier. Dans les Pays de la Loire, on compte 78 000 contrats de travail saisonniers qui se trouvent désormais menacés ».

« Globalement positif pour la ferme France »

Les ministres de l’Économie et de l’Agriculture ont promis la réunion d’un groupe de travail sur la question, avec la profession.

En attendant, ils essayent de rassurer les employeurs agricoles : « La suppression du dispositifs spécifique TO-DE doit être appréhendée à l’aune de l’ensemble des mesures prises au bénéfice de l’agriculture française et des entreprises de l’aval avec le renforcement des allègements généraux, la modernisation de la fiscalité agricole et la préservation de l’exonération de TICPE sur le gazole non routier », stipule le dossier de presse accompagnant le projet de budget 2019 du ministère de l’Agriculture.

Le ministère assure par ailleurs que « l’alignement du TO-DE sur les allègements généraux renforcés dès le 1er janvier 2019 sera globalement positif pour la ferme France ». Gain promis : « Un solde net positif de 60 M€ en année pleine (40 M€ en 2019). »

Alain Cardinaux, avec Frédérique Ehrhard

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